Association internationale de Papyrologues

International Association of Papyrologists




In memoriam Joseph van Haelst

1924-2010


Discours prononcé durant l'Assemblée Générale de l'AIP réunie à Genève le 21 août 2010
Speech delivered during the General Assembly of the AIP gathered in Geneva on August 21st, 2010 par - by: Alain BLANCHARD



Né à Sint-Truiden (Belgique) le 25 août 1924 et mort dans cette même ville le 15 janvier 2009, Joseph van Haelst est l’homme d’un seul livre, le Catalogue des papyrus littéraires juifs et chrétiens, mais un livre de référence que le seul nom de son auteur suffit à désigner.

Ordonné prêtre en 1948 (il sera ainsi l’aumônier des étudiants de Liège) et après des débuts dans l’enseignement comme professeur de collège ou chargé de cours à la Katholieke Universiteit Leuven, il a développé assez vite une activité de recherche, publiant en 1958 un papyrus conservé dans cette université et issu des archives de Flavia Anastasia, propriétaire à Oxyrhynchos au VIe siècle de notre ère, et l’année suivante un papyrus de Giessen issu des mêmes archives, sur lesquelles il fera une synthèse en 1965 au Congrès de Milan. La KUL lui permettra de publier encore, sur le tard (1991), quelques papyrus de Khirbet Mird. Mais auparavant, J. van Haelst aura découvert sa vocation, celle d’écrire, dans le domaine juif et chrétien, un livre parallèle à celui que R.A. Pack venait de publier (1955) sur les papyrus littéraires grecs et latins, vocation renforcée par la proposition que lui fit André Bataille de publier le papyrus de Jérémie conservé à l’Institut de papyrologie de la Sorbonne et qu’il mit à profit en 1961. Il exposa son projet de catalogue cette même année 1961 au congrès de Varsovie et put le mener à bien grâce à son recrutement au CNRS français par Jean Scherer en 1967 cependant qu’il continuait de se former, non seulement en grec, mais en copte : parmi les maîtres qui ont contribué à cette formation, il faut citer en particulier Roger Rémondon à la IVe Section de l’École Pratique des Hautes Études. Par la suite, furent très enrichissantes pour lui les discussions qu’il put avoir avec de grands amis comme Kurt Treu et Theodore Cressy Skeat.

Si le « van Haelst », paru en 1976, a fini par s’imposer face à d’autres entreprises plus ambitieuses, cela est dû à la fois à la rigueur de la méthode et au sens de la mesure, le « bon sens » comme l’auteur aimait à le dire. Cette rigueur l’a amené à vérifier soigneusement et longuement les multiples données papyrologiques (paléographie, codicologie, etc.) qu’il devait intégrer et qui lui ont permis parfois de faire de belles découvertes, par exemple quand il reconstitua le P.Dêr Balyzeh (publication en 1969, puis n° 737 du Catalogue), de grande conséquence pour l’image qu’on peut se faire du déroulement de la liturgie eucharistique dans l’antiquité ; à cette occasion, on ne saurait oublier que la nécessité de comprendre les diverses catégories dans lesquelles ses papyrus pouvaient être classés l’a entraîné à faire de multiples lectures, parfois bien austères ; il leur doit une partie de l’autorité qu’il a exercée, souvent avec fermeté (ainsi quand il a pris position sur les origines du codex en 1989 et le « Sitz im Leben » du Codex des Visions en 1991 ou quand il affirmait l’existence d’une magie chrétienne), parfois avec rudesse, quand il constatait à quelles extravagances l’interprétation tendancieuse de certains papyrus pouvait conduire dans le domaine chrétien. Sa grande vertu était la prudence et il avait conscience que toute œuvre humaine – à commencer par la sienne propre – était par nature imparfaite. Il laisse une importante documentation dont on souhaite qu’elle puisse continuer d’être exploitée : à cela aussi il avait pensé, formant quelqu’un pour lui succéder.

Joseph van Haelst était avant tout un homme de relation : tous ceux, nombreux, qui l’ont approché dans les divers congrès de papyrologie (jusqu’à son dernier congrès, celui de Berlin en 1995) peuvent en témoigner. Ses amis peuvent témoigner également de son sens de la justice et de la fidélité, de son dévouement surtout, qui pouvait être sans bornes. Sa disparition est pour eux tous une grande perte.